C’est un livre sur le yoga et la dépression, sur la méditation et le terrorisme, sur l’aspiration à l’unité et le trouble bipolaire. Des choses qui n’ont pas l’air d’aller ensemble, et pourtant : elles vont ensemble.
Il débute comme critique de cinéma pour Positif et Télérama. Son premier livre, Werner Herzog, paraît en 1982. Il publie son premier roman L'Amie du jaguar en 1983 chez Flammarion. Le suivant, Bravoure, sort un an après chez POL, éditeur à qui il confiera tous ses autres ouvrages par la suite. Il publie en 1986 le roman La moustache aux éditions POL, dont il réalisera lui-même l'adaptation cinématographique en 2005[2].
En janvier 1993, Emmanuel Carrère entreprend l'écriture d'un livre autour de l'affaire Jean-Claude Romand. Cela n'aboutira que sept ans plus tard avec la publication de L'Adversaire qui marque un tournant dans la production littéraire de Carrère. Depuis, Carrère n'a pas écrit d'œuvres fictionnelles. L'Adversaire présente aussi le travail de l'écrivain, la lente gestation de l'œuvre[3]. Cette œuvre reste essentielle dans la production de l'écrivain, le succès critique et populaire ne s'est jamais démenti.
En 2009, il publie D'autres vies que la mienne, qui recueille l'histoire de plusieurs personnes qui ont croisé sa vie et sont marquées par la maladie, le handicap ou le deuil. Le récit aborde, à travers le cheminement de l'auteur, des thèmes aussi différents que le tsunami de 2004 au Sri Lanka ou le combat judiciaire contre le surendettement. Ici, alors qu'il avait dans plusieurs de ses autres œuvres parlé surtout de lui (Un roman russe, et plus tard même dans Limonov), il se fait le modeste scribe de « vies minuscules » (pour reprendre l'expression de Pierre Michon), décryptant dans l'ensemble du récit les étapes de l'ouverture à l'autre[5]. Le livre sera très librement adapté au cinéma, sous le titre Toutes nos envies, réalisé par Philippe Lioret, avec comme acteurs principaux Vincent Lindon et Marie Gillain.
En 2011, il reçoit le prix Renaudot pour sa biographie romancée de l'écrivain, dissident et homme politique russe Édouard Limonov, avec lequel il a vécu pendant trois semaines à Moscou pendant la préparation du livre. Il est difficile de définir si le livre est un roman, une biographie ou un essai, car, si Limonov est bien le héros du livre, Carrère attache une très grande place à l'analyse de la littérature russe, ainsi que de l'histoire de l'URSS et de la Russie post-soviétique. C'est un des grands succès commerciaux de la rentrée littéraire 2011[6].
En 2014, il publie Le Royaume, récit qui retrace la naissance du christianisme, en s'intéressant tout particulièrement aux parcours des personnalités des apôtresPaul et Luc. Comme souvent dans ses romans, il mêle à l'intrigue principale l'évocation de son propre parcours, et il y développe notamment l'évolution de son rapport à la foi chrétienne. Le livre connaît une des plus larges couvertures médiatiques, et des meilleures réceptions critiques de la rentrée littéraire 2014[7].
A un moment de ma vie, j'ai été chrétien. Cela a duré trois ans. C'est passé. Affaire classée, alors ? Il faut qu'elle ne le soit pas tout à fait pour que, vingt ans plus tard, j'aie éprouvé le besoin d'y revenir. Ces chemins du Nouveau Testament que j'ai autrefois parcourus en croyant, je les parcours aujourd'hui, en romancier ? En historien ? Disons en enquêteur.
Il est avantageux d'avoir où aller : quand on lui demande son avis, c'est une des choses que répond le Yi-King, l'antique livre de sagesse chinoise. Alors on y va. Le premier des reportages qu'on trouvera ici se lance sur les traces de Dracula en Roumanie, après la chute de Ceaugescu. L'un des derniers se mêle aux riches et aux puissants du monde réunis au Forum de Davos. Entre les deux, il y a beaucoup de patrouilles sur le front de l'Est, dans le chaos postcommuniste, des récits de procès criminels, des projets de films, des éloges [...] de livres aimés, une vie du mathématicien Alan Turing, une rencontre désastreuse avec Catherine Deneuve et même une série de chroniques un peu porno écrites avec une délicieuse sensation d'impunité pour un magazine italien. Le tout peut se lire aussi comme une sorte d'auto-biographie.